Visiter la Bouëre.
Bonjour et Bienvenue, je me présente je suis (prénom). Je fais partie de l’association « Il était une fois la Bouère ». L’association a été créée début 2021 pour mettre en valeur et sauvegarder ce patrimoine. Nous sommes à ce jour une cinquantaine de membres et nous organisons des actions, dont l’ouverture du site lors des journées du patrimoine pour faire connaître ce lieu. Cette année, grâce aux actions menées, nous avons la joie de voir nos efforts récompensés par de premiers travaux de consolidation. Nous sommes ici à la Bouère, ce nom viendrait des environs boueux et marécageux. (Boire)
Connaissez-vous l’histoire de ce patrimoine ?
Je vous propose de faire un saut dans le temps.
→ Plongeons-nous mille ans en arrière, à l’époque où de nombreux brigands battaient la campagne. Les historiens disent que c’est pour se protéger des pillards que l’on a construit cette tour de 15 mètres de hauteur, avec des murs qui font 2 mètres d’épaisseur. Plus tard, elle sera dotée d’une couronne de mâchicoulis et des meurtrières.
Savez-vous à quoi servaient les mâchicoulis et meurtrières ? (*)
Mâchicoulis : Balcon au sommet des murailles ou des tours des châteaux forts, percé d'ouvertures à sa partie inférieure (permettant de laisser tomber des projectiles sur l'ennemi).
Meurtrières : désigne une ouverture pratiquée dans une muraille pour permettre l'observation et l'envoi de projectiles.
→ A la fin du 12è siècle un petit château fort est construit à proximité de la tour.
De nombreuses archives témoignent de l’histoire de la Bouëre et de ses habitants.
→ le plus ancien document de ce lieu retrouvé aux archives date du 7 août 1399. Jean Gazeau, seigneur de la Bouëre rend foi et hommage au Seigneur de Montrevault. Foi et hommage consistait, avec les cérémonies d’usage, à présenter à son suzerain un objet, en l’occurrence ici une paire de gants blancs. Foi et Hommage : Acte de foi et d'hommage, acte par lequel on devenait le vassal d'un seigneur, avec un serment de foi prêté sur l'Évangile. En se déclarant l'homme de son seigneur, le vassal s'engageait à servir celui-ci, qui lui assurait, en retour, sa protection. L’hommage peut aussi être un serment de paix et de concorde prêté sur la frontière entre deux seigneuries.
Cependant, lors de nos recherches, nous avons déchiffré un acte de sentence datant de 1640. Dans ce document, trouvé aux archives municipales de Cholet, sont nommés les titres de noblesse des Seigneurs Gazeau, prouvant leur qualité de nobles et d’écuyer, dont un acte de 1236 en langue latine.
→ On constate l’importance de la Foi, qui apparait dans les testaments. Début du 16 ème siècle, Renault (ou René) de la Bouëre, écuyer, fit un testament dans lequel il demande d’être ensépulturé dans l’église de Notre Dame de Jallais et demande qu’il soit célébré 100 messes pour le repos de son âme.
→ Nous sommes à la fin du 16ème siècle. Jacques de la Bouëre avait été emprisonné et méprisait les protestants. (Ils avaient ravagé les Mauges et brulé 2 fois l’église de Jallais, pillant le château et le village).
Pour sa sûreté il obtint en 1588 une lettre de sauvegarde d’Henri de Navarre (Henri IV). Le 28 février 1592, il reçoit du Duc de Beaupréau l’autorisation de se fortifier : tour et forteresse à bascule (pont levis), mâchicoulis et fossés pour la défense de sa personne et de sa famille. Imaginez donc ici des douves et un pont levis.
→ DEVANT LE BLASON : que vous voyez vous ? (*)
C’est le blason présentant les armoiries et l’union de 2 familles :
Le lion Armoirie de la famille de la Bouère
Les hermines Armoirie de la famille Cordon
Le blason :
Le lion : Armoirie de la famille de la Bouère « De gueules à un lion d’argent couronné, armé et lampassé d’or». Autrement dit rouge avec un lion blanc, dont la couronne, les griffes et la langue passée (ce qui veut dire sortie) sont jaunes d’or. Il se redresse et lève une patte, puis trois et montre les griffes, les crocs, il est la force et le courage, voire la férocité.
Les hermines : Armoirie de la famille Cordon « D’hermine à deux fasces de gueules » C’est-à-dire blanc avec des mouchetures noires symbolisant des queues d’hermine, sur lesquels passent deux bandeaux horizontaux rouges. L’hermine vivant dans les régions froides devient blanche l’hiver, avec un bout de queue noire, elle est symbole de pureté. Devise de la famille De Cordon : « Tout sans contrainte » Brièvement, la famille de la Bouère aurait pu s’éteindre car Jacques de la Bouère n’avait pas d’héritier. Il a fait don à son neveu ou cousin Jacques de Cordon de son héritage à condition qu’il reprenne le nom et les armes de la Bouère. Et c’est plus tard que la famille de Gazeau entra dans celle de la Bouère.
Sur le blason on distingue un heaume ou casque signifiant l’appartenance à la noblesse.
→ Vers 1650 un bâtiment reliant la tour au petit château fort est construit ainsi qu’une chapelle dans laquelle on célèbrera deux messes par semaine.
→ En Février 1788 la tour de la Bouëre est victime de la foudre. La tour de 6 étages sera rabaissée lors d’une première restauration.
→ Imaginons maintenant, nous sommes à la veille du soulèvement des guerres de Vendée. Les habitants de ce château sont Amand-Modeste de Gazeau, comte de la Bouère et Antoinette Charlotte née LE DUC.
Le comte émigre en 1792 et sert dans l'armée du duc de Bourbon dans la compagnie de la noblesse d'Anjou. Rentré en France il se réfugie dans son château de la Bouëre.
→ Dans la matinée du 13 mars 1793, la cour de la Bouëre est envahie par les jeunes paysans insurgés sous la conduite de Jean Perdriau, qui déclare qu’ils vont attaquer les Bleus à Jallais. Ils demandent des armes. En l’absence de son mari, Madame de La Bouëre, leur propose à boire.
- « Pas de vin, il faut être de sang-froid pour une affaire comme celle-là » répondit Perdriau. Il toléra du cidre coupé d’eau.
Inquiète de leur sort elle leur dit « Mais, mes amis, les hommes que vous allez attaquer sont armés, ils ont même un canon, et vous ? » Ils lui demandèrent des armes. Elle leur donna un fusil, des pistolets, des faux, et même une broche à rôtir. Très peu avaient des armes, ils n’avaient que des bâtons et de pauvres fusils de chasse. On peut dire que la comtesse a ainsi armé les premiers soldats vendéens. Le comte d’abord réticent, prend les armes et se met à la tête des paysans de la paroisse de Jallais, le 17 mars 1793. Il repousse ce même jour les bleus qui étaient devant le bourg. Il participera aux campagnes du printemps et de l’été mais refusera de passer La Loire après la défaite de Cholet le 17 octobre 1793.
Pendant la guerre, il régnait un climat de terreur. A plusieurs reprises, le Comte et la Comtesse cachèrent leur argenterie et leurs bijoux. La Comtesse et sa famille se tenaient cachés dans des fermes aux alentours. En Octobre 1793, elle a accouché d’une petite fille Anastasie dans un champ genêts aux Aulnays Jagus.
→ Le 30 novembre 1793 le château est complètement pillé. Il n’est resté à l’intérieur que la harpe de la comtesse car personne n’en avait l’usage. Le château ainsi que toutes les fermes environnantes sont incendiées par la colonne infernale du Général Desmarres. A la Bouère, le feu sera allumé à 28 endroits dont la niche du chien. Grâce à sa hauteur de plafond la tour n’est pas anéantie.
→ Le comte, inquiété lors de la reprise de la guerre est fait prisonnier le 4 avril 1796 à Chemillé. Son épouse, qui venait d’accoucher (d’Adèle) le 24 mars allât à pied à Chemillé puis à Cholet pour le faire libérer, il fut relâché contre une amende.
Le comte et la comtesse eurent 5 enfants Eugénie, Henry qui fut tué à la bataille de Leipzig, Anastasie, Adèle qui sera religieuse et Antoine qui brisera sa carrière militaire pour devenir artiste peintre, connu sous le nom de Tancrède.
Le comte décède en 1847 et la comtesse meurt à Jallais le 9 septembre 1867 à l’âge de 97 ans. Ils furent inhumés dans la chapelle du château de la Bouëre.
→ Les souvenirs de la comtesse, réunis à des notes laissées par son mari, ont été publiés par sa belle-fille Valentine Falquet de Planta en février 1890. Ces mémoires sont un des plus sincères témoignages et une source incontournable pour l’histoire de la Vendée Angevine.
→ Juillet 1869, la propriété (château, terres, fermes) fut saisie par Amand de Caze, et vendue plus tard.
Faute d’entretien, le château tomba peu à peu en ruines.
→ En mai 1898, 4 des 5 tombeaux de la chapelle du château sont vandalisés par des voleurs. Des cinq tombes, dont celle d'Amand de la Bouëre. Une seule, celle de Marie-Thérèse, morte en bas âge, fut épargnée, les quatre autres pillées. Ce fait a été relaté dans de nombreux journaux de toute la France comme le Figaro, le Petit Parisien et même outre atlantique dans le New York Herald Tribune (quotidien new-yorkais).
→ Le 24 novembre 1908, les restes de la famille de la Bouëre sont transférés au cimetière de Jallais dans un tombeau de famille. Ce caveau se trouve toujours dans l’ancien cimetière de Jallais.
→ En 1935, le pavillon principal, sans doute devenu dangereux, est abattu. Seule la tour subsiste !
En espérant que ce petit voyage dans le temps à la Bouère vous a plu ! Merci de votre écoute.
Explications pour les guides (*)
Mâchicoulis : Balcon au sommet des murailles ou des tours des châteaux forts, percé d'ouvertures à sa partie inférieure (permettant de laisser tomber des projectiles sur l'ennemi).
Meurtrières : désigne une ouverture pratiquée dans une muraille pour permettre l'observation et l'envoi de projectiles.
Foi et Hommage : Acte de foi et d'hommage, acte par lequel on devenait le vassal d'un seigneur, avec un serment de foi prêté sur l'Évangile. En se déclarant l'homme de son seigneur, le vassal s'engageait à servir celui-ci, qui lui assurait, en retour, sa protection. L’hommage peut aussi être un serment de paix et de concorde prêté sur la frontière entre deux seigneuries.
Le blason :
Le lion : Armoirie de la famille de la Bouère « De gueules à un lion d’argent couronné, armé et lampassé d’or». Autrement dit rouge avec un lion blanc, dont la couronne, les griffes et la langue passée (ce qui veut dire sortie) sont jaunes d’or. Il se redresse et lève une patte, puis trois et montre les griffes, les crocs, il est la force et le courage, voire la férocité.
Les hermines : Armoirie de la famille Cordon « D’hermine à deux fasces de gueules » C’est-à-dire blanc avec des mouchetures noires symbolisant des queues d’hermine, sur lesquels passent deux bandeaux horizontaux rouges. L’hermine vivant dans les régions froides devient blanche l’hiver, avec un bout de queue noire, elle est symbole de pureté. Devise de la famille De Cordon : « Tout sans contrainte »
Pourquoi La guerre de Vendée :
L'élément déclencheur de l'insurrection vendéenne est sans nul doute la levée en masse de 300 000 hommes décrétée par la Convention girondine le 23 février 1793. Ce décret exempte de l'enrôlement dans l'armée tous les fonctionnaires et les membres de la garde nationale.
Les Vendéens se révoltent face aux attaques des révolutionnaires contre l'Eglise. Et par leur soutien à l'Eglise, soutiennent aussi leur Roi.