Créée en Janvier 2021, l'association "Il était une fois la Bouëre" a pour objectif principal la préservation et la restauration de la tour.
La tour de la Bouère, émouvante ruine isolée au milieu d’un champ, témoin de milles ans d’histoire.
Érigée il y a près de dix siècles, la tour de la Bouëre domine encore aujourd’hui au cœur des Mauges. Avec ses 15 mètres de hauteur et ses murs de 2 mètres d'épaisseur, elle aurait été construite dans un but de défensif, pour résister aux pillards.
Dès la fin du XIIe siècle, un petit château fort est édifié à ses côtés. Le site est solidement documenté dès le Moyen Âge puisqu’un acte du 7 août 1399, relate que le seigneur de la Bouëre, rend foi et hommage au seigneur de Montrevault en lui offrant une paire de gants blancs : un rituel symbolisant loyauté et protection mutuelle entre vassal et suzerain.
La lignée des Bouëre occupe longtemps les lieux. En 1588, Jacques de la Bouëre, catholique convaincu et victime des exactions protestantes, obtient d’Henri de Navarre une lettre de sauvegarde pour sa forteresse, autorisant douves, pont-levis et fortifications. Sans enfant, il fit son testament en faveur de son neveu Jacques de Cordon et son épouse à condition de reprendre le nom et les armes de la Bouëre. Le blason encore présent, arborant un lion et des hermines, marque l’union de ces deux familles.
Au XVIIe siècle, la tour se relie au château via un bâtiment. Une chapelle est construite, où deux messes par semaine sont célébrées. En 1788, la foudre frappe la tour, obligeant une première restauration.
Lors de la guerre de vendée, le château entre dans la grande Histoire. Le 13 mars 1793, de jeunes paysans insurgés sous la conduite de Perdriau envahissent la cour de la Bouëre. Ils demandent des armes ; la comtesse de la Bouëre, leur donne ce qu’elle a : un fusil, des pistolets, des faux, et même une broche à rôtir. Elle arma ainsi les premiers soldats vendéens. Environ 80 hommes se dirigent vers Jallais qui seront rejoints par Cathelineau et ses troupes et s’empareront du canon des Bleus. Le 17 mars, le comte de la Bouëre, ancien officier, prend la tête des paysans de Jallais et repoussent les soldats républicains.
La tour et son château sont les témoins des violences de la guerre de Vendée. Le château est entièrement pillé, seule reste la harpe de la comtesse car personne n’en avait l’usage. Le 30 novembre 1793, les colonnes infernales incendient le domaine à 28 endroits, la tour résiste grâce à ses hauts plafonds. Malgré la terreur, la famille de la Bouëre se cache et survit. La comtesse accouche même de sa fille Anastasie cachée dans un champ.
Le XIXe siècle voit l’épanouissement de leurs enfants, dont Tancrède, peintre reconnu. Mais l’histoire du château se termine dans l’abandon. En 1869, les terres sont vendues. En 1890, les nombreux écrits de la comtesse réunis à des notes laissés par son mari sont publiés par sa belle-fille Valentine Falquet de Planta. Ces intéressants mémoires sont un des plus sincères témoignages et une source incontournable pour l’histoire de la Vendée angevine. En 1898, les tombeaux de la chapelle sont profanés, fait relayé dans de nombreux journaux jusqu’aux États-Unis. En 1908, les restes des Bouëre sont déplacés au cimetière de Jallais. En 1935, le château est abattu : seule subsiste la tour.
En 2021, l’association « Il était une fois la Bouëre » est crée pour préserver et mettre en valeur ce patrimoine, permettant d’ouvrir le site au public lors de différents événements. Aussi, des travaux de consolidation ont pu être réalisés. https://www.labouere.com/
Aujourd’hui, cette tour solitaire est un fragment de mémoire dressé face au temps qui mérite d’être contemplée.